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AccueilActualitésVie syndicaleDiscours d’ouverture d’Anne Dehêtre, présidente de la FNO

Le 7 juin 2019, en préambule à la 2ème journée du XXVIIIème Congrès Fédéral de la FNO à Bordeaux, Anne Dehêtre, réélue pour un 3ème mandat à la présidence de la FNO, a prononcé un discours présentant les enjeux à venir  pour la profession dans un contexte de transformation du système de santé. La FNO continuera de défendre l’orthophonie, les orthophonistes quel que soit leur mode d’exercice et la qualité de soins due aux patients.

Cliquez sur l’image ci-dessous pour lire la vidéo (extraits du discours)  :

 

 

Le discours d’Anne Dehêtre en intégralité :

Mesdames les présidentes, Messieurs les présidents,
Chers collègues, Chers amis,

Au nom de tous les membres du bureau national, Je tiens à remercier tous les administrateurs de la FNO, et à travers eux bien sûr, tous les adhérents et les adhérentes de la fédération qui par leur vote hier, ont choisi de nous faire confiance et de nous déléguer la responsabilité de porter haut et fort les orientations de notre fédération pour les trois ans à venir auprès de tous nos interlocuteurs, pouvoirs publics, tutelles, associations de patients, autres professionnels de santé.

Je suis particulièrement honorée d’ouvrir ce congrès, ici à Bordeaux, et fière d’avoir été réélue à la tête de la FNO, une organisation qui porte depuis sa création des valeurs fortes et communes à l’ensemble des orthophonistes adhérant à notre projet, valeurs qu’équipe fédérale après équipe fédérale, nous continuons de porter ensemble.

L’ensemble du bureau national, fort du soutien exprimé hier, fort du maillage exceptionnel de notre fédération en régions, en départements et fort surtout du nombre d’adhérents réunis au sein de notre fédération, avec un taux de syndicalisation de plus d’un tiers de la profession, a conscience de la responsabilité qui pèse aujourd’hui sur ses épaules et du nouveau défi qu’il nous faut maintenant relever.

Des défis, la FNO en a déjà relevé un certain nombre, mais aujourd’hui, nous sommes à un nouveau tournant de notre vie syndicale, au-delà de ça, de notre vie de professionnels de santé, mais aussi de notre vie d’usagers de ce système de santé, de notre vie de concitoyens.

Nous n’aurons pas l’immodestie de dresser le portrait d’une France en pleine évolution, nous n’aurons pas l’immodestie de prétendre analyser et tirer les conséquences de réformes que nous découvrons depuis quelques mois.

Nous aurons donc l’humilité de rester à notre place, celle de représentants syndicaux, celles de ces représentants des dits « corps intermédiaires » dont une des missions principales est de justement faire que l’intérêt collectif commun prime sur l’intérêt individuel. Cette mission qui est la nôtre, la défense et la promotion d’un collectif que nous avons toujours su placer au-dessus de tout, collectif qui permet à l’individu de se défendre mieux encore, la FNO souhaite encore aujourd’hui la placer en premier.

C’est la première des valeurs qui anime notre fédération et que nous tenons de la fondatrice de notre profession,de notre syndicat, Madame Borel-Maisonny. Cette valeur, elle est transmise de générations de représentants syndicaux en représentants syndicaux, de bureaux nationaux en bureaux nationaux, de conseils d’administration en conseils d’administration.

Et à ce titre je voudrais sincèrement et chaleureusement remercier ceux qui font et qui ont fait l’orthophonie et la FNO. D’abord, les adhérents qui permettent le travail de notre fédération, les représentants syndicaux anciens et nouveaux, et aujourd’hui, plus particulièrement, les personnes qui ont structuré notre syndicat. Je voudrais surtout remercier notre président d’honneur, Pierre Ferrand, dont la présence ici, à nos côtés, prouve bien que nous sommes dans une continuité, dans une volonté transmise de poursuivre cette mission première qui est celle du syndicat. Merci à Jacques Roustit, qui lui a succédé pendant 18 ans à cette présidence de nous accompagner encore et toujours, et d’être présent à nos côtés pour nous soutenir et nous encourager. Merci à Nicole Denni-Krichel qui vous présente tous ses regrets de ne pouvoir être ici. Je ne cite que les présidents mais je n’oublie pas pour autant nos autres « pères fondateurs » et « mères fondatrices » qui à d’autres postes, secrétariat général par exemple, ancien et nouveau gérant de société d’édition, président et présidente de société savante, présidentes d’organisation humanitaire orthophoniste – par exemple –  ont enrichi les projets de notre organisation. Merci à vous tous et toutes ! Et en cette période de notre histoire, des célébrations du débarquement, on pourrait faire de cette phrase de Churchill la nôtre : « Plus nous saurons regarder loin dans le passé, plus nous verrons loin dans le futur»

Des défis, j’en évoquais donc un certain nombre.  Aujourd’hui, celui de la nouvelle organisation du système de santé, la transformation de celui-ci en est un et pas des moindres. Au-delà des conséquences que cette transformation aura sur l’exercice professionnel des orthophonistes, ce sont les conséquences sur tout le système de santé, sur les soins, sur la réorganisation totale des parcours et des suivis des patients que nous devrons avant tout appréhender.

Nous sommes à un tournant : celui d’un passage d’un système de soins harmonisé et uniformisé sur tout le territoire à un système où des expérimentations locales pourront prévaloir sur des protocoles de soins nationaux. Le passage d’un système où la rémunération des professionnels de santé, où le remboursement des soins aux assurés sont garantis par une convention nationale vers d’autres types de rémunérations qui pourraient prendre le pas.

Il ne s’agit pas ici de s’opposer à toute réforme que nous savons depuis longtemps nécessaire au vu de l’évolution de notre société et de la démographie de la population. Nous ne pouvons que louer les volontés affichées d’améliorer la prévention sous toutes ses formes, les coordinations entre professionnels de santé, tout cela au bénéfice du patient.

Mais nous refusons par contre que cette réforme se fasse sans nous, ou encore pire, qu’elle nous implique, qu’elle nous impacte mais sans que nous ne soyons décisionnaires ou au mieux, au pire consultés, que d’autres, au hasard, le corps médical, décident seuls d’une organisation des soins qui nous concerne tous et toutes.

Nous sommes à un tournant et la FNO le revendique haut et fort : nous souhaitons préserver et continuer à placer les valeurs qui nous définissent au-dessus de tout. Nous souhaitons toujours que l’égalité des soins pour tous et sur tout le territoire prévale, nous souhaitons encore que les orthophonistes soient à la place qui appartient à tout professionnel de santé.  Aucune hiérarchisation entre les professions mais bien une complémentarité nécessaire et reconnue par tous, en particulier par nos autorités de tutelle. Et nous ne pouvons, nous ne voulons interpréter aujourd’hui la présence de la ministre de la santé Agnès Buzin, au congrès de MG France, un des syndicats représentatifs de la médecine générale, et son absence aujourd’hui à notre congrès fédéral, celui de la FNO, le seul syndicat représentatif des orthophonistes, comme révélateur d’une importance donnée plus à une profession de santé qu’à une autre ! Non, nous ne voulons pas de cette interprétation !

Car, même si nous sommes une profession dite à faibles effectifs, même si nous n’avons plus à faire la preuve que les pathologies que nous traitons, que les fonctions que nous aidons à maintenir et que parfois, nous avons même l’outrecuidance d’affirmer que ces nous les rétablissons, ces fonctions sont essentielles à l’être humain et ce à tous les âges de la vie : langage, communication, alimentation. Oui, les orthophonistes interviennent pour permettre à tous de comprendre, de s’exprimer et de manger. Rien que ça …

Alors, au moment où les orthophonistes sont cités partout pour diverses raisons, des bonnes et des moins confortables, nous sommes incontournables dans la réhabilitation, indispensables dans la prise en soins de certains adultes et enfants porteurs de handicap, indispensables dans la nouvelle structuration de l’école inclusive. Nous sommes cités comme une profession de santé les plus en tension.

Alors, non, nous pensons que ce n’est pas le fait qu’une plus grande importance soit donnée à d’autres, qu’une hiérarchie entre soignants soit affichée par la ministre qui explique son absence à nos côtés aujourd’hui, l’absence d’un de ses représentants. Non, nous avons la faiblesse de penser que c’est le fait que la ministre ne pouvait venir affronter aujourd’hui une assemblée d’orthophonistes de terrain sans leur apporter de réponses concrètes aux questions posées depuis le début de ce quinquennat, sans réponses concrètes aux propositions que la FNO lui a faites le 18 mai 2018, il y a un an déjà. Des réponses sur notre statut actuel, sur nos salaires, sur l’engorgement de nos cabinets et de nos services et sur notre avenir, en particulier en ce moment, sur la réforme des retraites et sur l’impact qu’elle aura sur notre exercice professionnel et notre vie personnelle.

Mais ce n’est pas qu’aux orthophonistes que les réponses sont dues. C’est aussi et même avant tout aux patients qu’elles doivent être données. Par les interrogations, les revendications, les propositions surtout que nous portons pour améliorer, pour faciliter notre exercice professionnel, pour border un cadre conventionnel, statutaire de l’orthophonie et des orthophonistes, c’est avant tout la qualité des soins que nous délivrons aux patients que nous voulons préserver. Il ne faudrait pas réduire les combats que nous menons aux combats d’une organisation corporatiste. Non, nous ne nous laisserons pas réduire à cela, c’est tout l’intérêt des dits « corps intermédiaires » : un intérêt collectif avant tout. Nous avons fait le choix d’être des professionnels de santé, nous avons fait le choix de vouloir soigner des patients, et pour cela nous avons une obligation de moyens.

Nous avons fait le choix de nous unir au sein d’un syndicat, nous avons fait le choix de nous regrouper afin d’assurer à tous les orthophonistes, quel que soit leur lieu, quel que soit leur mode d’exercice, la possibilité de mettre en œuvre sereinement cette obligation de moyens, cette qualité de soins due aux patients.

Alors, madame la Ministre, votre absence oblige la Fédération Nationale des Orthophonistes à faire ce pour quoi elle a été créée : continuer à défendre l’orthophonie et les orthophonistes afin notamment d’assurer aux patients les soins dont ils ont besoin. Après notre rencontre d’il y a un an, après la remise de nos propositions, après ce congrès fédérateur et actant un tournant de notre vie syndicale, nous saurons ensemble revenir vers vous et votre gouvernement pour enfin obtenir des réponses.  Certaines semblaient pourtant se dessiner, nous verrons si les prochains jours nous seront propices !

Je suis heureuse de continuer avec tous les représentants syndicaux ici réunis, avec les orthophonistes ici présents, cette défense de la profession que porte la FNO. Et je voudrais remercier ici chaleureusement toute l’équipe du SROA qui a permis d’organiser ce XVIIIème  congrès fédéral et en particulier à son ancienne présidente et à la nouvelle. Merci à tous les exposants, nos partenaires qui nous suivent aussi sur ces événements marquants de notre vie syndicale et qui permettent de l’animer. Merci encore à l’équipe nationale sortante qui a assuré le lien avec l’équipe régionale, en particulier Cécile Corallini, Jean-Michel Gaston-Condute et Emily Benchimol. Enfin, merci aux salariés de la FNO et à Eric Tréger, salarié de FNO’Form pour leur présence et leur travail à nos cotés

Enfin, je voudrais aussi saluer des administrateurs sortants et historiques qui ont assuré une transmission parfaite avec leurs nouvelles équipes et qui ne seront peut être plus administrateurs fédéraux ou présidents. Ils vont nous manquer : Jean-Michel de Battista, Sylvie Zamanski, Magali Dussourd-Deparis et Marie Claude Grèzes.

Et je voudrais enfin faire un petit clin d’œil à Gilbert Zanghellini et Catherine Delannoy.