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Troubles du Spectre de l’Autisme : les orthophonistes partenaires de soins indispensables

Les orthophonistes demandent une reconnaissance de leur rôle dans le parcours de soins du patient avec Trouble du Spectre de l’Autisme et une amélioration de l’accès aux soins orthophoniques pour ces patients. 

La journée mondiale de sensibilisation à l’autisme se tient le 02 avril 2024. Chaque année et depuis 2008 cette journée a pour objectif de sensibiliser le grand public aux Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA). Véritable enjeu de santé publique, les Troubles du Spectre de l’Autisme touchent 1% de la population en France, soit 700 000 personnes, dont 100 000 jeunes âgés de moins de 20 ans (source Inserm). 

Le Trouble du Spectre de l’Autisme fait partie des Troubles du neurodéveloppement (TND). Il se caractérise par des troubles de la communication et de l’interaction sociale, et par des comportements et centres d’intérêts restreints et répétitifs. Au regard de ces déficits, les orthophonistes sont des acteurs et actrices au centre de l’accompagnement des personnes atteintes de TSA. 

La Haute Autorité de Santé préconise un diagnostic avant quatre ans et la mise en place d’un accompagnement dès que possible, même avant le diagnostic définitif. La Stratégie Nationale pour les Troubles du neurodéveloppement 2023-2027 présentée en novembre 2023 met également l’accent sur le dépistage précoce, la scolarisation et la recherche ; mais aussi sur la formation et le respect des bonnes pratiques au sein des établissements médico-sociaux.

Cependant en raison du manque de places en établissements, du manque de professionnels formés et de l’absence d’orthophonistes dans les équipes pour cause de conditions salariales déplorables, le suivi des patients diagnostiqués ou en attente de diagnostic ne peut être assuré à la hauteur des besoins de ces personnes.

La Fédération Nationale des Orthophonistes (FNO) se mobilise pour que les orthophonistes soient en mesure de répondre aux besoins des personnes porteuses de TSA  et demande : 

  • une augmentation des financements pour faire croître les quotas en centres de formation universitaire en orthophonie 
  • la création d’un acte d’accompagnement des aidants 
  • reconnaissance de notre expertise dans le parcours de soins de la personne avec TSA

Retrouvez le communiqué de presse ici

Pour que la communication soit véritablement au cœur du projet de loi sur la fin de vie, il faut faire appel aux orthophonistes !

Pour que la communication soit véritablement au cœur du projet de loi sur la fin de vie, il faut faire appel aux orthophonistes !

Le 10 mars 2024, Emmanuel Macron a annoncé enclencher le projet de loi sur la fin de vie attendu depuis près de deux ans. Après l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et les conclusions des travaux de la Convention citoyenne sur la fin de vie, le texte s’articulera autour de trois grands axes : les soins palliatifs et l’accompagnement, les droits des patients et de leurs aidants, et la fin de vie.

La Fédération nationale des orthophonistes (FNO) milite pour inscrire les orthophonistes et leur expertise au cœur de la prise en soins des patients en fin de vie, tant la notion de consentement et donc de communication est un pilier essentiel du projet de loi relatif à la fin de vie.

En effet, ils et elles jouent un rôle primordial pour le maintien des fonctions de communication des patients en fin de vie, notamment en leur proposant des outils de communication alternative et augmentée adaptés à leurs capacités, lorsque cela s’avère nécessaire.

Professionnels de l’accompagnement et de la qualité de vie dans les actes du quotidien, les orthophonistes sont experts pour maintenir les capacités d’alimentation, de communication, des
facultés cognitives, nécessaires à la décision partagée entre le patient, son entourage et les professionnels de santé.

Le maintien de la communication et la mise en œuvre de ces outils, grâce à l’intervention de l’orthophoniste, permettra au patient d’exprimer ses intentions et ses volontés, sans acharnement et dans la dignité.


A ce titre, il est nécessaire que les équipes de professionnels de santé qui entourent la décision intègrent des experts de la communication, au premier rang desquels les orthophonistes figurent.

La FNO incite les pouvoirs publics à faire appel à l’expertise reconnue des orthophonistes dans le parcours de soins des personnes en fin de vie.

Retrouvez le communiqué de presse ici

Journée nationale de l’audition : les orthophonistes au cœur de la prévention

Journée nationale de l’audition : les orthophonistes au cœur de la prévention

Afin de promouvoir la santé auditive de toutes et tous, la Fédération nationale des orthophonistes (FNO) demande la création d’actes de prévention et d’actes d’accompagnement des aidants de personnes touchées par les troubles de l’audition.

La journée nationale de l’audition se tiendra le 14 mars 2024. Le thème de cette édition porte sur les acouphènes. A ce jour, 6 millions de personnes en souffrent quotidiennement. La prise en soin de ce handicap invisible et très invalidant représente un coût économique et social majeur.


Ce handicap est encore trop méconnu du grand public alors qu’il peut toucher quiconque, quel que soit son âge. La qualité de vie de la personne en est grandement dégradée. De nombreux patients restent longtemps en errance thérapeutique.

La première cause d’acouphènes est le traumatisme sonore, pourtant très souvent évitable. De nombreuses associations de prévention en orthophonie se mobilisent pour informer le grand public sur les dangers de l’exposition à des bruits intenses et/ou prolongés en particulier lors d’évènements musicaux.


Les orthophonistes, en tant qu’experts et expertes de la communication sont amené·es à accompagner les patients malentendants mais également les personnes souffrant d’acouphènes ainsi que leurs aidants. Le rôle d’information et de prévention est primordial et une plateforme dédiée “Orthophonie et surdité” est mise à disposition des orthophonistes pour les accompagner dans ces prises en soin.


C’est par leur travail quotidien dans l’accompagnement des patients et de leurs aidants que les orthophonistes permettent d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’acouphènes. La FNO se mobilise pour une meilleure prévention de ce trouble qui dégrade la qualité de vie des patients.

Retrouvez le communiqué de presse ici.

Le 6 mars, journée européenne de l’orthophonie !

Le 6 mars, journée européenne de l’orthophonie !

Chaque année, le 6 mars a lieu la journée européenne de l’orthophonie. La Fédération nationale des orthophonistes (FNO) s’associe naturellement à la démarche engagée par ESLA, afin de faire connaître au grand public la profession et ses spécificités.

Cette année, des orthophonistes de toute l’Europe se réunissent à Bruxelles le 6 et le 7 mars 2024 au sein du Parlement européen pour définir les grandes orientations et combats politiques à venir, pour une coordination et une reconnaissance européenne de la profession.

Le thème de cette année, « Collaborer avec d’autres professionnels et soignants », souligne le rôle vital des partenariats dans l’amélioration de la qualité de vie des patients, notamment pour les personnes souffrant de troubles de la communication et de la déglutition.

Des ateliers, des formations, des campagnes de sensibilisation et des conférences seront dédiés à la sensibilisation aux troubles de la communication et de la déglutition, ainsi qu’ à l’importance de l’orthophonie dans la promotion d’une communication efficace.

Cette journée est l’occasion de mettre en lumière les partages de savoirs scientifiques qui existent à l’échelle de l’Europe dans le but d’améliorer la qualité des soins et de la prévention des troubles de la communication, du langage oral et écrit, de la phonation, de la déglutition.


Alors que 1 700 000 patients consultent des orthophonistes chaque année en France, ces événements ont pour but d’informer le public sur la profession d’orthophoniste, de mettre en lumière des exemples de réussite et de souligner l’impact positif de la thérapie sur la santé.

La Journée européenne de l’orthophonie rappelle avec force le rôle important que jouent les orthophonistes dans la vie de tous les jours, en aidant les individus à surmonter leurs difficultés de communication.

Retrouvez le communiqué de presse ici.

Doublement des franchises médicales : la santé des Français n’est pas une variable d’ajustement !

Doublement des franchises médicales : la santé des Français n’est pas une variable d’ajustement !

La Fédération nationale des orthophonistes (FNO) dénonce la décision prise par le Gouvernement de doubler les franchises médicales sur les boîtes de médicaments, les actes paramédicaux, les transports sanitaires, les consultations et les examens de biologie.

Avancé lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 puis confirmé par le président de la République lors de sa conférence de presse le 16 janvier, le doublement des franchises médicales a été acté par décret le samedi 17 février 2024.

En adoptant ces dispositions par voie réglementaire et non législative, alors même que l’ensemble des acteurs de la santé se prononce en défaveur de ces mesures, le gouvernement fait le choix de faire évoluer le système de santé français vers une marchandisation à marche forcée de l’accès aux soins.

Avec un reste à charge qui augmente mécaniquement pour les ménages, le renoncement aux soins devient alors un corollaire direct pour celles et ceux qui sont impactés par les effets de seuil.

Par ailleurs, en dressant un étonnant parallèle entre les dépenses de santé et les forfaits téléphoniques, l’exécutif laisse planer une suspicion de soins de confort pour l’ensemble des usagers du système de santé. Et cela, alors même que le virage préventif devrait constituer la pierre angulaire des politiques publiques de santé, en cohérence avec les priorités affichées par le gouvernement.

A ce titre, la FNO ne peut que désavouer le choix éhonté du gouvernement sur le doublement des franchises médicales, alors même que la réduction des inégalités en matière de santé devrait constituer la première des priorités.

Retrouvez le communiqué de presse ici

Nomination de Frédéric Valletoux et Fadila Khattabi : la FNO attend des actes forts pour les orthophonistes et les patients

Nomination de Frédéric Valletoux et Fadila Khattabi : la FNO attend des actes forts pour les orthophonistes et les patients

La Fédération nationale des orthophonistes (FNO) prend acte de la nomination de Frédéric Valletoux en tant que ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, ainsi que celle de Fadila Khattabi qui voit son portefeuille élargi en devenant ministre déléguée chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées.

Successivement élu local, président de la Fédération hospitalière de France puis député, la FNO souhaite que Frédéric Valletoux porte avec lui cette expérience de terrain pour construire des relations de confiance avec les acteurs du monde du soin et de la santé, qui œuvrent au quotidien sur l’ensemble du territoire.

Pour sa part, Fadila Khattabi aura le défi de porter les enjeux d’autonomie, notamment autour du grand âge et du bien vieillir. Puisque les orthophonistes sont les experts du maintien de la communication des personnes âgées, de la stimulation des capacités linguistiques et cognitives ou encore de la déglutition. Dans les EHPAD ou chez les patients lors du maintien à domicile, les orthophonistes sont incontournables et apparaissent comme des véritables acteurs de la promotion de la santé et du bien vieillir.

A ce titre, la FNO appelle le gouvernement à s’engager et poursuivre des actions concrètes en faveur de la profession, notamment par :

  • revalorisation des rémunérations des orthophonistes en libéral comme en salariat
  • augmentation des financements pour faire croître les quotas en centres de formation universitaire en orthophonie
  • mise en application des règles professionnelles
  • élargissement de l’accès direct à l’ensemble des orthophonistes en exercice
  • généralisation et pérennisation de la Plateforme de Prévention et de Soins en Orthophonie (PPSO) et du dispositif Dépistage et Prévention en Orthophonie et Orthoptie (DP2O)

La Fédération nationale des orthophonistes souhaite échanger dans les plus brefs délais avec les Ministres pour œuvrer à une amélioration de l’accès aux soins et des conditions d’exercice des orthophonistes.

Retrouvez le communiqué de presse ici

Déclaration de politique générale : et les orthophonistes ?!

Déclaration de politique générale : et les orthophonistes ?!

A l’occasion de la déclaration de politique générale du Premier ministre, la Fédération nationale des orthophonistes (FNO) est saisie par le manque de considération accordée aux professionnels de santé paramédicaux conventionnés.

Dans les différents piliers édictés par Gabriel Attal pour la politique gouvernementale en matière de santé, l’absence d’une mention des orthophonistes est plus qu’inquiétante. Des médecins aux psychologues en passant par les personnels sociaux et sanitaires en milieu scolaire, l’ensemble des professions libérales paramédicales conventionnées sont les oubliées de cette déclaration de politique générale.

Alors même que l’accès aux soins, notamment ceux orthophoniques, est une problématique majeure sur l’ensemble du territoire national pas d’autre réponse que la solution “médecin”.

Le déséquilibre structurel entre l’offre et la demande de soins ainsi que les salaires misérables et les conditions de travail précaires des établissements de soins, entraînent une embolisation des cabinets d’orthophonie dans la quasi-totalité des bassins de vie.

Pour faire face aux défis multiples de notre profession , la FNO attend que le Gouvernement
agisse enfin en prenant les mesures nécessaires :

  • revalorisation des rémunérations des orthophonistes en libéral comme en salariat
  •  augmentation des financements pour faire croître les quotas en centres de formation universitaire en orthophonie 
  • mise en application des règles professionnelles 
  • élargissement de l’accès direct à l’ensemble des orthophonistes en exercice 
  • généralisation et pérennisation de la Plateforme de Prévention et de Soins en Orthophonie (PPSO) et du dispositif Dépistage et Prévention en Orthophonie et Orthoptie (DP2O) 

La FNO demande à être reçue par le Gouvernement dans les meilleurs délais, afin que la question de l’accès aux soins orthophoniques pour l’ensemble de nos concitoyens ne soit pas oubliée dans la politique de santé. La FNO veillera à ce que la défense et la promotion de l’orthophonie constituent une priorité de santé publique.

Retrouvez le communiqué de presse ici

Le Collège Français d’Orthophonie (CFO)



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Interview de Nathalie LEVEQUE, orthophoniste dans le centre SLA de Paris depuis 2003.

Interview de Nathalie LEVEQUE, orthophoniste dans le centre SLA de Paris depuis 2003.

Nathalie Lévêque est orthophoniste dans le centre SLA de Paris depuis 2003. Elle est chargée de cours à Paris 6 en orthophonie et formatrice dans le cadre de la formation continue des orthophonistes.

Par ailleurs, elle est doctorante en phonétique clinique sur le thème :  Les marqueurs acoustiques de la dysarthrie dans les maladies du motoneurone 

Qu’est-ce que la SLA ?

La SLA, ça veut dire sclérose latérale amyotrophique. C’est une maladie du motoneurone. Ce sont les neurones moteurs qui dégénèrent. On peut dire que c’est comme un vieillissement prématuré des neurones moteurs, dont le rôle est d’assurer la motricité de tout le corps.

Est ce qu’il existe plusieurs types de sclérose ?

Il existe la maladie de la sclérose en plaques, c’est une maladie qui va plutôt toucher les nerfs et d’autres systèmes neurologiques. La sclérose latérale amyotrophique, c’est une maladie qui touche le motoneurone. Il y a des formes  frontières de la SLA. Notamment, il y a une maladie pour laquelle, justement, le diagnostic différentiel est parfois compliqué à poser en tout début de maladie, c’est la sclérose latérale primitive (SLP). Parfois, en tout début de maladie, il peut y avoir des doutes entre un diagnostic de SLA et de SLP. La SLP, c’est aussi une maladie du motoneurone, mais qui touche un seul type de motoneurone, le motoneurone central, et qui évolue très lentement, sur des dizaines d’années. Alors que dans la SLA, il y a deux types de motoneurones qui sont touchés, les motoneurones périphériques et centraux.

Le rôle du neurologue, c’est d’aller identifier cliniquement, sur tous les territoires du corps, les atteintes  qui sont consécutives de ces deux types de motoneurone. Le diagnostic se pose en partie sur de la clinique et aussi sur l’électromyogramme qui va identifier, lui, de manière objective, une atteinte neurogène, c’est-à-dire, l’atteinte du motoneurone périphérique.

Quelles sont les atteintes imputables à la SLA ? 

C’est une maladie qui peut toucher tous les territoires, avec des modes d’entrée parfois très différents. C’est une maladie qui peut commencer par une atteinte des membres inférieurs, avec des troubles de la marche par exemple. La SLA peut aussi commencer par une atteinte des membres supérieurs, avec des difficultés pour utiliser les mains. Une autre forme d’entrée dans la maladie peut être diaphragmatique, c’est-à-dire que cela peut commencer par des troubles de la respiration. Mais ça peut aussi débuter spécifiquement au niveau de la sphère oro-pharyngo-laryngée, et c’est là qu’intervient l’orthophoniste.

Plusieurs territoires peuvent être touchés en même temps et avec l’évolution de la maladie, tous les territoires finissent malheureusement par être touchés. Nous sommes face à des patients très handicapés. Ils sont en fauteuil, et n’ont parfois plus la possibilité d’utiliser leurs bras, leurs mains (ce qui pose problème pour nous, par rapport à tout ce qui est introduction des outils de communication). Quand ils ne peuvent plus parler du tout, là, il y a une collaboration étroite avec les ergothérapeutes, par exemple, sur les outils qu’on va pouvoir utiliser pour leur permettre de communiquer.

Est ce qu’il existe des formes qui peuvent être moins graves, ou c’est toujours quelque chose qui finit par toucher tous les territoires ?

Mon expérience dans le domaine m’amène à dire que ça finit quand même par toucher tous les territoires, membres inférieurs et supérieurs, diaphragme et sphère « bulbaire » comme on dit pour évoquer la sphère oro-pharyngo-laryngée. En termes de temporalité de l’évolution de la maladie, c’est variable. Il y a des gens chez qui cela évolue très lentement, et malheureusement des patients chez qui cela évolue très vite.
Mais pour casser l’image d’Epinal sur la SLA, dans le centre SLA où j’exerce, il y a quelques patients qu’on suit depuis 10, 15 ans. Malheureusement, ce n’est pas la majorité des patients présentant une SLA. Dans la littérature, la médiane de survie, à partir de l’annonce du diagnostic, c’est trois à cinq ans !

Les neurologues ont tendance d’ailleurs à dire qu’il n’y a pas une SLA, mais des SLA avec des profils phénotypiques et évolutifs assez différents.

Quels sont les axes de rééducation orthophonique pour les patients atteints de SLA ? 

Ce sont les fonctions qui concernent la motricité oropharyngo-laryngée, donc la parole et la déglutition.

On peut effectivement se trouver face à un patient qui est en tout début de maladie, qui va avoir une toute petite dysarthrie (la dysarthrie étant le trouble moteur de la parole) et puis, malheureusement, ça va évoluer plus ou moins vite. Notre rôle, là, pour ce qui est de la parole, ça va être d’aider le patient à trouver des stratégies de compensation pour optimiser au mieux la fonction, l’entretenir au mieux, le plus longtemps possible et dans un souci d’économie. La phase suivante, quand le patient n’est plus intelligible, notre rôle va être de l’aider à mettre en place une communication « autre ».
Le terme de rééducation, c’est un terme que je n’utilise pas pour ce type de maladie. J’évite de l’utiliser car ça sous-entend que les patients vont récupérer. C’est vrai que dans ce type de maladie (SLA et d’autres maladies neuro-évolutives), l’orthophoniste doit bien comprendre qu’on accompagne les patients dans des deuils successifs. Le deuil de perdre la parole, le deuil de ne plus pouvoir manger…etc.

Je parle plutôt d’accompagnement. Ce sont des gens qu’on accompagne avec l’évolution de leur maladie pour les aider à trouver des stratégies de compensation et de facilitation, pour améliorer leur confort au quotidien, quant à la communication et à l’alimentation. Premièrement, pour essayer de maintenir au mieux la fonction, mais deuxièmement, pour essayer de continuer à utiliser cette fonction sans trop se fatiguer. Plus on est fatigué·es et moins on utilise correctement une fonction. L’aide de l’orthophoniste, c’est de les accompagner avec l’évolution de la maladie pour optimiser au mieux les fonctions, parole et déglutition, avec un souci d’économie. Notre rôle auprès des aidants est également très important.

Quels intérêts y a-t-il à communiquer avec les autres professionnels de santé qui entourent le patient ? 

La prise en soins des personnes atteintes de la SLA est pluriprofessionnelle.
Les ergothérapeutes sont importants pour tout ce qui est aspect de la communication, particulièrement au moment où le patient n’a plus l’usage de ses mains.
Les diététiciens, pour les aspects nutritionnels, et cela inclut également tout ce qui est aussi maintien du poids. Avec ces derniers, on lie une étroite collaboration pour entrenir au mieux les apports nutritionnels, tout en sécurisant la déglutition, avec des adaptations de textures.

On peut être également amené à travailler de manière conjointe avec les dietéticiens lorsqu’il y a indication d’une gastrostomie (procédure dans laquelle un tube d’alimentation flexible est placé à travers la paroi abdominale dans l’estomac). Si l’orthophoniste juge que le patient peut encore manger per os, c’est-à-dire par la bouche, en adaptant les textures sans risque majeur, la diététicienne ajustera lenombre de poches de nutrition à prescrire, car le patient pourra encore manger un repas par exemple. Il peut aussi y avoir une étroite collaboration entre l’orthophoniste et le kiné, pour tous les aspects respiratoires et désencombrement laryngé.

Autre intervenant important, c’est le neuropsychologue, qui fait des évaluations de toutes les fonctions cognitives. Il y a des formes de SLA, sans doute plus qu’on le pense, qui sont associées à des démences fronto-temporales (DFT). La DFT peut d’ailleurs aussi être un mode d’entrée dans la maladie.

Que pourriez-vous dire à des orthophonistes pour leur donner envie de se lancer dans ce type de prise en charge ?

Bien sûr, C’est une prise en charge qui est lourde, qui est parfois psychologiquement difficile. Et je pense particulièrement quand on travaille en libéral, seul avec ses doutes, ses questions…ses peurs ! Dans une structure, c’est un peu différent. Il y a une équipe, on peut échanger entre nous. En libéral, la position de l’orthophoniste est difficile. Parfois le patient va oser lui poser toutes les questions qu’il n’aura peut-être pas osé poser aux neurologues. Le rôle de l’orthophoniste, comme je le disais tout à l’heure, c’est vraiment d’accompagner et d’apporter du confort au patient, dans son quotidien, sur la période qui lui reste à vivre. Il y a ce deuil du « rééducateur » à faire. Une fois qu’on a passé ce stade de « Je ne suis pas là pour rééduquer, mais pour accompagner», la prise en charge est peut-être plus « facile ».
C’est très gratifiant, honnêtement, dans la mesure où l’on sait que notre rôle, ça va être d’améliorer le confort de vie et le quotidien de cette personne pour le temps qui lui reste à vivre.

L’orthophoniste est aussi là pour donner des conseils aux conjoints ou aux aidants, par exemple, pour optimiser la communication, la déglutition, donner des idées de recettes, conseiller sur la manière de donner à manger à son proche… Ça paraît évident comme ça, mais quelqu’un qui a une dysarthrie sévère et qu’on a du mal à comprendre, notre rôle va être aussi de dire « Mettez-vous bien en face, ne parlez pas d’une pièce à l’autre ; mettez vos lunettes s’il y a besoin car nous faisons de la lecture labiale ; limitez le bruit environnant. »
Sans prise en charge orthophonique, ils n’auront pas toutes ces astuces qui ont l’air des petits détails, mais l’ensemble de ces détails va améliorer leur confort de vie quotidienne. Régulièrement, les patients me rapportent spontanément leur vécu de leur prise en charge orthophonique en libéral. Beaucoup me disent, et même à des stades sévères de la maladie, alors que l’orthophoniste se questionne sur son rôle à ce stade de l’évolution : « heureusement que j’ai une orthophoniste qui vient à la maison parce que c’est la seule personne avec qui je passe du temps, qui prend le temps de m’écouter et qui me donne de bons conseils. ». J’ai récemment interviewé des patients sur ce que l’orthophonie leur apportait : les mots clés sont « détente », « écoute », « conseils ». Un patient m’a écrit avec sa commande oculaire que son orthophoniste lui avait fait un burger reconstitué en textures adaptées pour son anniversaire…est-ce que l’orthophoniste déborde de ses fonctions en faisant ça ? Je ne pense pas du tout, l’orthophoniste est dans son rôle ici, entretenir le confort, peut-être même le plaisir, en proposant des adaptations, d’une fonction qui dysfonctionne, la déglutition ici.

Tous les conseils qu’on peut donner pour la déglutition, les textures, les postures de la tête, les contenants sont importants pour les patients et leurs aidants. Par exemple : il vaut mieux boire dans des verres plutôt évasés pour éviter de finir le fond du verre en penchant la tête en arrière. Les orthophonistes connaissent ça par cœur. Mais les patients, sans ces astuces-là, font plus de fausses routes. D’ailleurs, en début de la maladie, grâce à l’orthophonie, les patients rapportent souvent qu’ils ne font plus de fausses routes ! Je comprends complétement la position de l’orthophoniste qui dit « Non, moi, je ne m’occuperai jamais de patients SLA. » Et je comprends d’autant plus que moi, quand j’ai commencé, quand j’ai été toute jeune diplômée, je ne voulais pas m’occuper de cette pathologie-là ; elle me faisait très peur en fait ! elle renvoie tellement à cette fragilité de la vie ! …et voilà ça fait 20 ans que je m’occupe de cette maladie

Dernière question : y a-t-il des formations spécifiques à cette pathologie ?

J’en donne quelques-unes. Je ne suis pas la seule. Dans le cadre de la formation continue des orthophonistes, il y a quelques formations sur la SLA.

La SLA étant une pathologie qui entraîne dysarthrie et dysphagie, qui sont vraiment deux domaines qui concernent les orthophonistes, je pense que toutes les formations qui vont concerner ces troubles fonctionnels peuvent apporter des éléments qui vont aider les orthophonistes dans leur prise en charge de ces patients. Il existe aussi des plateformes e-learning sur la SLA, toutes disciplines confondues, par exemple sur le site de la FILSLAN (Filière de Santé Maladies Rares Sclérose Latérale Amyotrophique et Maladies du Neurone Moteur). Enfin, scoop, les orthophonistes des centres SLA sont collégialement en train de terminer la rédaction d’un livre dédié à nos collègues orthophonistes exerçant en libéral….nous avons essayé dans ce livre, de répondre à toutes les interrogations que se posent nos collègues en libéral… à paraître en 2024 !

Pour finir, il existe de nombreux centres SLA en France. Les orthophonistes en libéral ne doivent pas hésiter à contacter ces centres et ne pas rester seul·e face à cette maladie !

Semaine du 16/04/23

Inauguration des locaux de la FNO le 8 juin L’UNPS dénonce les nouvelles sanctions à l’encontre des professionnel·les de santé exerçant en libéral en cas de fraude L’UNAPL vous accompagne…

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